Scénarios

« Je ne saurais expliquer ce qui est arrivé mais, alors que tout semblait perdu, tandis que les brasiers de nos navires détruits et le spectacle du Déchronologue démâté emplissaient mes yeux de larmes, quelque chose troubla le ciel et la mer. Un souffle, une vapeur, quelque chose d'intangible et de diffus, qui grésilla et gronda depuis les entrailles de la frégate vaincue. Ce fut une vision brève mais intense, une fluctuation impossible, une torsion crépitante... Quand un calme plus naturel fut revenu dans la baie, et que les mouettes revinrent crier au-dessus des flots, il n'y avait rien à voir ni à pleurer. Seulement des débris sans origine, qui mêlaient vainqueurs et vaincus avec, au cœur de cet épouvantable magma, les restes méconnaissables du plus extraordinaire navire à avoir jamais sillonné les eaux caraïbes : le merveilleux Déchronologue de mon ami Villon.

Qu’il me pardonne de le contredire ici sans qu'il puisse se défendre, que le capitán s'était trompé. Non, nous ne sommes pas seulement des ombres glissant sur l'écume du temps. Ne l'a-t-il pas d'ailleurs prouvé mieux que quiconque, à sa manière si personnelle ? Il vécut, malgré lui, ou par sa faute, au cœur de forces qui lui échappaient et le manipulèrent dans un but qui nous dépasse tous. Mais les Targuis semblent partis, ou bien ont été emportés à leur tour, et les tempêtes ont reflué. Ce monde reste le nôtre, qu'il nous faut rebâtir sans cesse, sans laisser personne ne nous dérober ni nos outils, ni notre détermination. Cela, je le sais du capitán Villon. Vivant ou mort, nous devons rester debout. »

Tante Alice a disparu!

Il faut la retrouver, vite, vite! Car Grand-Père veut raser son atelier de peinture pour y construire un affreux pavillon de chasse à la place... Et puis, si ce n'est pas Grand-Père, ce sera Grand-Mère qui y installera une roseraie poussiéreuse... Mais cela fait des mois que personne n'a vu Tante Alice! Peut-être est-elle partie ailleurs, voir les tigres de Bora-Bora ou les éléphants de Hokkaido, ou peut-être qu'elle a fini par retrouver ce lapin blanc dont elle nous parlait tant dans ses histoires du soir...

Pas question de laisser faire les vieilles personnes! Il est temps pour nous, les enfants de la famille Liddell, de mettre notre grain de sel dans cette affaire!
Seulement, par où commencer...?

Avertissements préalables : le maître de jeu se dédouane de toutes les fractures psychiques, angoisses ontologiques, épiphanies mentales ou traumatismes existentiels pouvant survenir chez ses joueureuses au cours du scénario. Votre folie n'appartient qu'à vous... Et vous n'avez jamais appartenu qu'à elle.

Dans la capitale autoproclamée du royaume biscuit, les rues pavées bruissent habituellement d’une joyeuse activité. Des fontaines de chocolat chantent au cœur des places, et les tours en nougat caramélisé dominent l’horizon. Le parfum des petits-beurre fraîchement sortis des fours se mêle à l'arôme délicat des confiseries artisanales. Mais ces derniers jours, une ombre plane sur la cité gourmande : l'interruption des échanges avec le village lointain de Nougatine fait craindre le pire pour ses habitants coupés du monde. Déjà, d'inquiétantes rumeurs circulent, colportées par des réfugiés hagards. Les rares passants à s'attarder dans les rues évoquent à mots couverts l'apparition de créatures hostiles surgies des profondeurs des bois, les paysages de maisons dévastées et de rivières de sirop taries. Face à ces présages de ruine, Sucreville n'a plus le choix : un groupe d'éclaireurs est envoyé sur place, avec ordre d'identifier et de résoudre le problème... avant que le Royaume Biscuit ne s'effrite à jamais.

"Directeur Addams,

Ce matin, le Conseil O5 a examiné la proposition 314-α-2. Après consultation des recherches du Dr.Xavier concernant SCP-314, le Conseil a voté à hauteur de 8 voix contre 3 en faveur de son adoption. Vous connaissez la suite des événements. Le départ de l'expédition aura lieu dans 3 jours, à midi.
N'oubliez pas les raisons qui motivent notre organisation. En dépit de toute morale, ce que nous faisons, nous le faisons pour le bien de l'humanité. Sécuriser. Contenir. Protéger. Tel est notre but."

Dimanche midi : traquenard

Mamie, mes charmants frères et soeurs, le temps de merde et un rôti. Autrement dit, tous les ingrédients pour un parfait désastre.

Dans notre famille ça n'a jamais été "La petite maison dans la prairie". Mais bon... ça s'est quand même sérieusement dégradé depuis que Papa a acheté Robot Mamie.

Elle aussi commence à sacrément débloquer et faire des choses bizarres d'ailleurs... Si ça continue comme ça, un jour elle va cuisiner ses pantoufles !

Janvier 1920, région de Wielun.

Comme tous les matins, depuis maintenant un an, je me dirige vers mon lieu de travail : un complexe immense appelé l’Usine. Chaque fois, je suis pris du même frisson à sa vue. La statue centrale me fait penser à une sorte de ballet grotesque entre deux démons, accompagné d’une voix lugubre sonnant comme une incantation sordide. La taille de ses bâtiments colossaux me laisse sans voix. La fumée s’échappant de leur toit donne au ciel des airs d’apocalypse. Le verre scintillant au soleil levant et les briques rouges m’inspirent une structure sortie des enfers, régurgitée sur cette terre pour absorber toutes ses pauvres âmes, et les consumer, leur faisant vivre un éternel tourment. Les lumières émanant de la fonderie, dans le lointain et la brume, me font imaginer l’intérieur d’un four où cuisent les damnés.

Alors que je me signe pour la énième fois en priant pour ne pas me faire avaler par ce monstre, je suis rappelé à ce monde par les gens qui viennent me voir. Il y a tout d’abord cette jeune femme, de bonne carrure, avec ses gants en cuir épais, qui vient avec un des gardes. J’ai parfois l’impression de voir un papa et sa fille. Le sourire qu’elle me lance me fait rougir presque à chaque fois, et un jour, j’aurai le courage de le lui rendre. Ensuite, il y a ce gars bizarre qui a l’air de vivre une autre forme d’enfer. Un homme assez dynamique mais qui semble se noyer sous une vague immuable. Il travaille pour un autre scientifique que je ne vois jamais plus que du coin de l’œil en arrivant. Un chercheur assez jeune, grand et très préoccupé par sa tâche. Et puis, alors que j’examine le contenu du journal du jour, je constate un autre vendeur de journal de l’autre côté. J’essaie de discerner son visage, mais il le cache derrière un de ses journaux. Alors que je me dirige dans sa direction, je constate qu’il a disparu.

C’est à ce moment que je remarque l’heure sur la toquante accrochée à mon veston. Il faut que je rentre vite à la maison, ou maman risque de s’inquiéter. Avant de partir, je fais signe au garde qui me laisse sortir. Il me salue en retour, accompagné du sifflet du train entrant en gare, dans le fond.

Maintenant, quelque part dans Dublin. Un appartement sombre et délabré. Cinq inconnus dans le salon d’un homme disparu. Aucun d’entre vous n’est censé être là: aucun d’entre vous n’en dira donc quoi que ce soit. Cinq personnes, aux vies disparates, pourtant interconnectées au sein d’une tapisserie élaborée d’alias et de mensonges. Une toile de soie noire: un Dark Web. Assise au centre, l’araignée tisseuse: Rós Fíodóir, disparu, et, vous espérez tous, décédé. Est-ce vraiment la vérité que vous cherchez, ou une vérité, celle qui protégera la votre ? Qui sont les autres, quand le masque de l’anonymat est tombé ? Pourriez-vous jouer le Jeu, une fois le visage à découvert ?

Thessalie, cinq siècles après la fondation de Rome.

C'est le petit matin sur les cinq camps romains. La nuit a été orageuse. La pluie intense. Le brouillard est à couper au couteau. Mais la destination est proche. Des éclaireurs sont envoyés. L'état-major romain se réunit dans la tente de commandement.

A l'extérieur, on entend l'agitation, étouffée par le brouillard, de la légion, qui démonte le camp. De temps en temps, le barrissement d'un éléphant de guerre numide rappelle au camp la présence de ces précieux alliés.

A l'intérieur, l'atmosphère est tendue. Tous sont conscients de la bataille à venir... Mais tous savent aussi qu'il y a beaucoup plus en jeu...